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Libération

Les «étrangers» chassés par les flammes

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Des milliers de personnes errent dans les rues après l'incendie de leurs bidonvilles.
publié le 23 septembre 2002 à 1h05

Abidjan de notre correspondante

C'est une fuite éperdue, hétéroclite, misérable. Sur la tête, un fauteuil, un matelas, des bassines empilées, dans chaque main un sac en plastique ou une valise élimée, tout ce qu'ils ont pu sauver des incendies allumés dans leurs quartiers. Ils sont des dizaines sur les routes de la capitale ivoirienne, ils disent qu'ils se sauvent parce que les gendarmes ont promis de revenir et de brûler ce qui reste de leur bidonville. Ils se sauvent parce qu'ils n'ont aucune raison de demeurer là où il ne reste que des cendres. A la Cité III, près du camp de gendarmerie d'Agban, le feu a pris rapidement dans les petites maisons de bois recouvertes de toiles en plastique. Un jeune homme pointe du doigt un tas de tissus informes : «Je suis tailleur, c'était mon échoppe.» Un amas de boîtes de conserve carbonisées signale l'emplacement de ce qui fut une petite épicerie.

Vols en série. Plus que la destruction de leurs cahutes, les sinistrés reprochent aux forces de l'ordre des vols en série. Véronique Terebilla, une Burkinabé de 26 ans, ne possède plus rien : «J'avais fait ma valise, deux gendarmes m'ont appelée, ils m'ont demandé de l'ouvrir. Quand je me suis penchée, ils ont pris l'argent que j'avais caché dans la ceinture de mon pagne.» Son mari aussi a croisé les «corps habillés». Leurs économies, 583 euros en tout, y sont passées. D'autres déplorent la perte d'une télé, d'une radio, d'un portable, d'un réchaud à gaz. En revanche, les gendarmes n'ont blessé