L'attentat contre le World Trade Center fut sans aucun doute le premier attentat postmoderne. Un attentat-spectacle réalisé en direct. Devant les caméras. Deux avions. Deux tours en flammes. Un fond de ciel bleu. Un attentat qui dure le temps d'un spot publicitaire. Jamais un événement d'une telle ampleur filmée en direct par les caméras de CNN et retransmises dans le monde entier en temps réel, (peut-être le premier événement dont le monde entier fut le témoin oculaire) n'avait suscité autant de fausses informations, de rumeurs démenties, d'allégations fantaisistes... bref d'incrédulité.
Qu'en est-il des responsables. Où sont les réseaux dormants dont on ne cessait de parler dans les jours qui suivirent le 11 septembre. Se sont-ils rendormis ? La désorientation des services secrets, leur incapacité à prévoir l'événement ont alimenté les commentaires dès le lendemain de l'attentat mais elles ont été presque toujours décrites comme de simples fautes techniques, la conséquence d'un choix qui privilégiait le tout technologique et laissait de côté le facteur humain tant prisé des services français dans la recherche des informations.
Un an après, nous n'avons même pas de scénario crédible, pas d'explication plausible. Nous nageons dans l'incertain et aucune contre- enquête n'a jusqu'ici dissipé l'épais brouillard qui s'accumule au-dessus de Ground Zero. Peut-être faut-il simplement prendre la mesure de cette opacité, de cette illisibilité. Non pas seulement comme une insuffisance,