Baskets et tee-shirt immense, ils ne font que tuer le temps dans les ruelles surpeuplées de Bouchentouf. Visage fermé, Omar, 17 ans, refuse le tract tendu. Jusqu'à ce que Ali lance, interrogateur : «Zaâzaâ ?» Le nom, véritable sésame, ouvre portes et discussions dans ce quartier populaire de Casablanca qui affiche la plus forte densité du Maroc. Avec tous les problèmes qui en découlent : égouts qui débordent à la moindre pluie, relogement des victimes des inondations de 1996, toujours réfugiées dans des écoles, chômage plombant les statistiques, transformation en quasi-décharge du parc de l'Hermitage... «Le protectorat nous a légué quatre parcs. Cinquante ans après, on risque d'en perdre un», s'irrite Abdallah Zaâzaâ.
En six ans, cet ancien prisonnier politique de 57 ans s'est taillé une belle popularité grâce aux initiatives de son association «Pour le développement social à Bouchentouf». La dernière en date dépasse de loin le cadre des élections législatives de vendredi. Son «questionnaire aux candidats», distribué quotidiennement dans ce quartier par Zaâzaâ, et une demi-douzaine de militants dont deux femmes voilées marquent une innovation dérangeante dans un pays où les «politiques» n'ont pas l'habitude de rendre des comptes. «Nous ne prenons position pour aucun candidat ou parti, explique Abdallah Zaâzaâ. Nous leur demandons seulement de se prononcer sur les problèmes concrets du quartier et incitons les gens à les interpeller sur cela au lieu de les laisser débiter