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Libération

Islamistes en liberté très surveillée

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Se posant en rempart à l'intégrisme, le roi veut rassurer l'Occident.
publié le 26 septembre 2002 à 1h08

Rabat-Casablanca envoyée spéciale

L'été aura été chaud. Zohra, étudiante à Casablanca, a eu très peur. «Pour moi, le Maroc est une terre de tolérance. Et j'ai toujours pensé qu'on était à l'abri des islamistes grâce au roi, Amir el-Mouminin (commandeur des croyants, ndlr). En plus, nous étions rassurés de voir que nos islamistes acceptent le jeu démocratique en étant au Parlement. Mais, brutalement, on a eu l'impression que tout s'écroulait, qu'on était menacés.»

Une première alerte a eu lieu en mai et juin. Les services de sécurité ont alors annoncé le démantèlement d'une «cellule dormante d'Al-Qaeda». Elle aurait préparé l'attaque de navires de guerre occidentaux dans le détroit de Gibraltar et un attentat contre la célèbre place Jemaâ el-Fna de Marrakech. En juillet et août, les choses se sont précipitées. Une quarantaine de personnes appartenant à deux groupes extrémistes, présentés comme la Salafia jihadia, sont arrêtées. Se déplaçant de ville en ville et dans les quartiers pauvres de Fès, de Casablanca, de Tanger et de Kenitra, ils seraient responsables de six meurtres, d'abord attribués à des droits communs, entre 1999 et 2001. Dirigés par des autodidactes rentrés d'Afghanistan, ces groupuscules, qui mêlent racket, vol et rhétorique religieuse, cherchent à recruter dans les quartiers de misère, où nombre de mosquées non homologuées ont vu le jour.

«Emirs du sang.» L'inquiétude a monté d'un cran quand Hassan Kettani, le prêcheur d'une mosquée ­ autorisée ­ de Salé s'en es