Washington
de notre correspondant
Quelle mouche a piqué Al Gore, l'ancien candidat malchanceux de la dernière présidentielle ? En 1991, à la veille de la guerre du Golfe, il faisait partie de la minorité démocrate qui avait apporté son soutien au président Bush, le père. Ce positionnement centriste lui avait ouvert la porte à la vice-présidence aux côtés de Clinton. Cette fois, il a choisi la position inverse. Au lieu de s'aligner sur ses camarades démocrates, qui cisèlent au Congrès une résolution autorisant l'usage de la force contre l'Irak, Al Gore est parti dimanche dans une violente charge contre les projets guerriers du président Bush.
Risques. Dans un discours prononcé à San Francisco, il a mis en garde contre le risque de «nuire sévèrement» à la campagne antiterroriste et d'«affaiblir notre capacité à conduire le monde dans ce nouveau siècle». Al Gore a accusé son ancien rival George W. Bush de ne chercher qu'à faire oublier l'échec de la capture d'Oussama ben Laden : «Les grandes nations persévèrent et gagnent, elles ne se contentent pas de sauter d'un travail inachevé à un autre.» Il a relayé, par ailleurs, les interrogations sur les arrière-pensées politiques des projets irakiens de Bush, à quelques semaines des élections de mi-mandat.
La sortie d'Al Gore a créé un électrochoc chez les leaders démocrates. A l'exception de John Kerry (sénateur du Massachusetts) et de Howard Dean (gouverneur du Vermont), aucun des poids lourds du parti n'avait remis ouvertement en cause