Bouaké envoyée spéciale
«Carnaval de Bouaké» annonce un écriteau à l'entrée de la ville. Devant l'école des sous-officiers, une jeep détruite, des douilles sur le sol. Dans des pick-up et des tout-terrain, des rebelles de l'armée ivoirienne armés de kalachnikovs et de revolvers. Toute la ville, qu'ils ont prise le 19 septembre et où de violents combats avec les troupes loyalistes ont eu lieu mardi (lire ci-contre), est sous leur contrôle. Ils sont déployés dans les rues principales et aux carrefours, parfois à bord de véhicules équipés de mitrailleuses lourdes ou de lance-roquettes.
«Du riz». Les magasins ouvrent rarement, le temps de servir un café à un client de passage, de vendre quelques bières. Les stocks s'épuisent et l'argent commence à manquer. Au marché, des femmes ont installé au bord de la route des étals mal approvisionnés. «Nous voulons du riz», crie l'une d'elles. Posés sur les tréteaux, quelques piments et des racines de manioc. Dans certains quartiers, l'eau a été coupée.
Depuis mercredi, la ville est calme. Hier, les troupes françaises ont évacué les ressortissants étrangers, français pour la plupart. Les opérations ont débuté en milieu de journée. A Paris, la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, indiquait au même moment que la France «évacuera les ressortissants étrangers qui en font la demande. C'est une crise extrêmement sérieuse, mais purement ivoiro-ivoirienne». Sur le terrain, les militaires français ont «informé» le président Gbagbo de l'opérati