Rabat, Casablanca
envoyée spéciale
Mourad est catégorique : il «votera car il est citoyen [...]mais pour personne, car les hommes politiques ne s'intéressent qu'à leurs familles et à leurs amis, le peuple ne compte pas pour eux». Licencié en droit, chauffeur après huit ans de chômage, il répète, désabusé : «Klem, klem» (ils parlent, ils parlent). Et ces mots semblent le slogan le plus consensuel du scrutin législatif qui a lieu aujourd'hui dans le royaume. Un paradoxe pour les premières élections de l'après-Hassan II et du règne de Mohammed VI qui a voulu y voir un «tournant».
La morosité de la campagne ne l'a pas laissé présager : panneaux électoraux souvent vides, programmes presque interchangeables, candidats lisant à la télé des textes en arabe classique, inaccessible aux couches populaires... Les chanteurs et acteurs appelés à la rescousse et les appels à voter diffusés en arabe, berbère, français et hassani, le dialecte du sud, convaincront-ils les électeurs ? C'est loin d'être acquis compte tenu de la lassitude face aux «promesses non tenues des politiques», un leitmotiv des couches défavorisées et d'une partie de la classe moyenne. Le «nomadisme politique» passage d'un parti à l'autre n'a fait qu'aggraver le discrédit. D'autant qu'on retrouve généralement comme têtes de liste des caciques de la politique ou des notables régionaux ou tribaux. «C'est vrai qu'il n'y a pas eu de renouveau, mais c'était illusoire de l'attendre des listes électorales puisqu'il n'y a pas e