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Libération

Kaliningrad, bout de Russie en terre européenne

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L'élargissement va faire de la ville une enclave dans l'Union.
publié le 28 septembre 2002 à 1h09

Kaliningrad envoyée spéciale

A mi-chemin entre les puces et la caverne d'Ali Baba, le marché central de Kaliningrad offre un assortiment de marchandises du monde entier. Jeans turcs, cuirs et fourrures d'Asie, con trefaçons chinoises. Voisinage oblige, il regorge de textiles polonais. Dans son petit magasin de sous-vêtements, la vendeuse explique qu'elle va les acheter elle-même, en graissant la patte des douaniers des deux côtés de la frontière. L'élargissement de l'Union européenne, qui devrait faire de ce petit territoire russe frontalier de la Pologne et de la Lituanie une enclave russe dans l'Europe unie, l'inquiète sans la terroriser: «Si cela entraîne des frais supplémentaires, nous les répercuterons sur le consommateur. Les gens auront toujours besoin de vêtements.»

Depuis dix ans, Kaliningrad, ex-Königs berg échue à Moscou après la Seconde Guerre mondiale, a appris à s'adapter. Pour survivre. Car l'éclatement de l'Union soviétique a plus affecté ce territoire de 15 000 km2 que le reste de la Russie, dont il s'est retrouvé coupé. La production industrielle y a chuté de près de 50 % depuis 1991, la pêche s'est effondrée, des dizaines de milliers d'ex-militaires de cette ville de garnison, réduite à un poste avancé sans importance stratégique, ont dû se reconvertir. Beaucoup se sont recyclés dans l'économie parallèle qui fait aujourd'hui vivre 60 % du million d'habitants.

Trafics. Pour compléter de maigres salaires, inférieurs de moitié à ceux des Lituaniens (140 euros co