C'est une révolution dans le royaume. Trente femmes vont faire leur entrée au Parlement à l'issue des élections législatives, élues sur des listes dites «nationales» qui leur ont été réservées. Il aura certes fallu l'instauration d'un quota pour y arriver : il leur garantira seulement 10 % des 325 sièges, alors que plusieurs associations de femmes réclamaient au moins 20 %. «Lot de consolation», s'irrite Nabila, une jeune médecin. «C'est la suite logique de la reculade sur la réforme de la "moudawana"», le code du statut personnel qui fait de la femme une éternelle mineure. Le projet de révision de ce code est en effet aux oubliettes depuis que les islamistes sont montés au créneau, le dénonçant comme «contraire aux préceptes de l'islam»...
«Renvoyées». Les partis politiques ne se sont pas montrés beaucoup plus «ouverts». Les listes «nationales» leur ont donné le prétexte pour exclure les fem mes des listes dites «régionales» sur lesquelles sont élus les 295 autres députés. Et rares sont ceux qui n'ont pas «renvoyé» les femmes sur les listes «faites pour elles». Ceux qui l'ont fait ne sont pas forcément ceux qu'on attendait. L'USFP du Premier ministre socialiste ne présente ainsi aucune femme tête de liste sur ses «régionales». L'Istiqlal conservateur, nationaliste est par contre la seule formation à y présenter trois femmes têtes de liste. L'une, Yasmina Baddou, avocate de 40 ans, est même en position éligible dans une circonscription très disputée : Casa (blanca)-Anfa.
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