Le spectacle musical venait juste de s'achever à bord du Joola, dans le restaurant des premières classes. Parti de Casamance, au sud du pays, le fleuron de la marine sénégalaise faisait route vers Dakar avec ses 1 034 passagers, des commerçants, une cinquantaine de touristes occidentaux, des étudiants qui rejoignaient la capitale pour la rentrée scolaire.
En cette nuit de jeudi à vendredi, le ciel est à la tempête. Vers 23 heures, «il y a eu subitement un fort vent latéral qui a pris le bateau. Il s'est levé et n'est pas revenu dans sa position initiale, déjà un peu inclinée. Avec la prise au vent, le navire a commencé à se renverser. Pour s'abriter du vent et de la pluie, les passagers ont essayé de se mettre d'un côté du "Joola", ce qui a accentué le déséquilibre. Puis, tout s'est passé très rapidement», a raconté hier Patrick Auvray, 46 ans, un des 64 rescapés. «Ça a duré peut-être quatre minutes... Peu de gens ont pu sortir de la coque ou sauter par la fenêtre», précise, dans un centre de secours à Dakar, un autre miraculé. Le «Titanic sénégalais», titrent les quotidiens du pays. Depuis vendredi après-midi, où la nouvelle du naufrage a été connue, la polémique enfle au Sénégal, où trois jours de deuil national ont été décrétés.
«Cumul de fautes.» Au palais de la présidence, à Dakar, le chef de l'Etat, Abdoulaye Wade, a fini par sortir samedi pour calmer la foule en colère : des centaines de personnes qui hurlent au «massacre» et au «crime». Le Joola est en effet exploité p