Bouaké envoyée spéciale
«Vous les Français, vous n'êtes pas clairs.» A un barrage, les mutins s'énervent, ils ne comprennent pas l'attitude de la France. Lundi, des survols d'hélicoptères les ont inquiétés. Quatre bonnes soeurs ont été évacuées de la région de Bouaké, où elles vivaient depuis trente ans et fabriquaient du camembert. Mais les hommes postés à l'entrée Est de la ville, à proximité d'un positionnement français, affirment avoir compté une dizaine de passages en altitude. Selon certains, les troupes françaises ont déjà pris part à des combats en utilisant un hélicoptère d'attaque et «on a entendu sur les champs de bataille des crépitements qui ne sont pas ivoiriens». Après quelques explications, les mutins laissent passer les journalistes, ils sont devenus plus regardants sur les déplacements, mais ne les empêchent pas de circuler. «Ivoiriens, Français, même père, même mère.» Dans les quartiers populaires du nord de la ville en revanche, la foule qui, quelques jours plus tôt, était cordiale devient houleuse, les visages se ferment, les poings se dressent au passage des voitures, des cris de colère et des insultes fusent.
Duplicité. Dans sa base de Bouaké, le lieutenant Elinder (son nom de guerre), commandant des opérations militaires des rebelles, masque mal ses interrogations. «Les Français sont là pour évacuer leurs ressortissants, nous n'avons pas de problème avec eux», explique-t-il. Mais, sur le terrain, ils pèsent sur la donne militaire. «S'il n'y avait pas de