São Paulo
de notre correspondante
Il y a encore peu, Agio, 50 ans, n'aurait jamais pensé voter pour Luiz Inacio Lula da Silva, candidat du Parti des travailleurs (PT, opposition de gauche), favori de la présidentielle de dimanche. «Comme beaucoup de Brésiliens, j'ai toujours eu peur de lui, raconte-t-il. Lula était trop radical, un socialiste de la ligne dure.» Aujourd'hui, ce représentant de commerce de São Paulo est décidé à sauter le pas. Il s'est laissé séduire par l'opération de recentrage de l'ex-leader syndical. «Lula s'est mis à l'écoute des secteurs qui lui sont traditionnellement hostiles, depuis les banquiers jusqu'aux industriels. J'ai aimé aussi son nouveau look. Dans ses costumes à la coupe élégante, il a l'air d'un homme d'Etat.»
Déçu. Si Agio s'apprête à passer dans l'opposition, c'est aussi et surtout qu'il est «très déçu» par le président sortant, le social-démocrate Fernando Henrique Cardoso, au pouvoir depuis huit ans. Il l'avait préféré à Lula par deux fois. En 1994, en raison de son «plan réal», du nom de la monnaie brésilienne, qui devait terrasser l'hyperinflation, alors que Lula avait fait l'erreur de dénoncer une «manoeuvre électoraliste». En 1998, il avait à nouveau voté Cardoso «parce qu'il avait dit qu'il mettrait fin au chômage comme il l'a fait avec l'inflation». Résultat, ironise Agio, «Cardoso a terrassé l'industrie et l'emploi. La consommation est en baisse. Je n'ai plus de clients». En Lula, il ne voit pas un sauveur. «Je voterai pour lui faut