Prijedor, Sanski Most (Bosnie) envoyé spécial
C'est une route qui devrait relier deux villes distantes d'à peine 31 kilomètres. Elle sépare deux mondes. D'un côté, Sanski Most, 60 000 habitants, aux confins de la fédération croato-musulmane de Bosnie (51 % du territoire), et ses minarets flambant neufs. De l'autre, Prijedor (110 000 habitants), deuxième ville de la République des Serbes de Bosnie (RS, 49 %) et ses églises orthodoxes fraîchement rénovées. Plus de sept ans après la fin de la guerre, ces deux territoires vivent chacun de leur côté avec deux alphabets différents (romain et cyrillique), deux polices, la méfiance, sinon la peur du voisin serbe ou musulman, un salaire moyen de 150 euros en RS contre 220 euros en Fédération et des aspirations opposées.
«Même refrain.» Depuis les accords de paix de Dayton, qui ont mis fin en 1995 à quatre ans de conflit, la désillusion et la peur ont pris le pas sur l'espoir. Dans ce climat, les élections générales du 5 octobre passent au second plan. «La communauté internationale nous dit que la situation va s'améliorer, mais qu'il faut du temps. Depuis sept ans, c'est le même refrain», constate Snejana. Enseignante à Prijedor, elle a décidé de ne pas aller voter. Dragan aussi restera chez lui. «Le résultat est connu depuis six mois : les partis nationalistes vont gagner. Ici, en RS, le parti démocratique serbe [SDS, parti de Radovan Karadzic, 31 sièges sur 83 à l'Assemblée de l'entité, ndlr] sera encore majoritaire.» Selon Edin, l'an