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Libération

Les Etats-Unis dressent une frontière contre l'excision

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Des familles somaliennes réfugiées au Kenya pourraient être privées du visa qui leur était promis.
publié le 5 octobre 2002 à 1h19

Nairobi de notre correspondant

La route vers le rêve américain risque de finir en impasse au Kenya pour bon nombre de familles somaliennes. Après leur avoir promis un visa, les autorités américaines menacent aujourd'hui de leur interdire d'émigrer aux Etats-Unis. Raison de ce revirement : l'ambassade américaine à Nairobi a pris connaissance de récentes cérémonies collectives d'excision pratiquées sur les jeunes filles dans le gigantesque camp de réfugiés somaliens de Dadaab (Kenya). «L'excision est un crime, et nous considérons les parents responsables comme des criminels, affirme le porte-parole de l'ambassade. Cette pratique est illégale aux Etats-Unis comme au Kenya. Nous allons mener des enquêtes dans les camps pour déterminer quand les cérémonies ont été organisées. Si c'est récent, les familles ne seront pas autorisées à immigrer.»

Décès. D'après des humanitaires travaillant dans les camps de réfugiés, les campagnes d'excision se sont multipliées en fin d'année dernière. Dans le camp, les familles avaient appris que les mutilations traditionnelles génitales étaient interdites aux Etats-Unis. Dans l'urgence, des parents ont fait passer sous les couteaux des exciseuses des gamines âgées de seulement deux ans. «Les cérémonies se déroulent en général la nuit et souvent sans anesthésie, raconte une humanitaire. Les filles sont maintenues au sol par des membres de leur famille. Les cas d'hémorragies graves sont courants. Il y a parfois des décès.»

Même s'il s'agit d'une pratiqu