Menu
Libération
Portrait

Les métamorphoses du «barbudo»

Article réservé aux abonnés
L'ancien gauchiste a lissé son image pour percer dans la campagne.
publié le 5 octobre 2002 à 1h19

São Paulo

de notre correspondante

«Si je suis élu, ce sera la première fois qu'un ouvrier deviendra le président du pays le plus important d'Amérique latine.» Face aux métallos de São Bernardo do Campo, Luiz Inacio ­ «Lula» ­ da Silva éclate en sanglots. Le chef historique du Parti des travailleurs (PT) est venu clore sa campagne dans cette banlieue industrielle de São Paulo où il fut tourneur mécanique et leader syndical, sous la dictature militaire (1964-1985).

A 56 ans, l'éternel candidat d'opposition et leader incontesté de la gauche brésilienne brigue la présidence pour la quatrième fois consécutive. Pour lui, c'est maintenant ou jamais. Au vu des sondages, les Brésiliens sont tentés de lui donner une chance.

Pour surmonter le rejet qu'il a inspiré jadis à une partie de l'électorat, l'ancien gauchiste a investi dans son image. Depuis sa première campagne, en 1989, Lula («la Seiche» en brésilien) s'est métamorphosé. Le barbudo ne l'est plus : sa barbe est aujourd'hui taillée de près, et l'éternel cigare cubain a disparu. Il ne porte plus que des costumes, que la presse dit griffés Armani. Lui-même se prend au jeu. «J'aime être bien habillé et soigneusement peigné.»

«Désidéologisé». Ce changement est destiné à souligner son recentrage politique : «J'ai mûri, et le Brésil a changé aussi.» Le temps où le PT prêchait l'avènement du socialisme est révolu. Le mot a même disparu de son programme. Le discours du parti s'est «désidéologisé». Si Lula incarne toujours l'espoir d'une plu