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Libération

La France conspuée, les mutins salués à Bouaké

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Les habitants de la grande ville du Nord partagés, entre peur et soutien.
publié le 7 octobre 2002 à 1h19

Bouaké envoyée spéciale

«Chirac menteur. Français, rentrez chez vous, on ne veut pas de la France ici.» Jeudi, des manifestants scandaient dans Bouaké des slogans hostiles à la présence des troupes françaises et au gouvernement ivoirien. Mais le cortège, qui réunissait quelques milliers de personnes, s'est dispersé dans le calme. Samedi, rebelote : entre 200 000 et 300 000 manifestants ont envahi la principale avenue de Bouaké aux cris de «la France, dehors !»

Ceux qui, ici, critiquent la présence française, acclament les mutins. Les hommes se disent prêts à se battre. Tous sont opposés à Laurent Gbagbo et à son régime. «Il était le premier à critiquer les cortèges officiels d'Houphouët et de Bédié, mais le sien est plus long», tempête un homme. Les rumeurs alimentent le mécontentement : certains ministres auraient dépensé des millions pour organiser le bal d'écoles dont ils s'occupent, tandis que les frais d'inscription à l'université sont passés de 700 à 50 000 francs CFA (de 1 à 75 euros). En résumé, trop de politique du ventre et pas assez de service public.

Malaise ethnique. De l'économie, on passe vite aux considérations ethniques. Selon un manifestant, «plus aucun Dioula (l'ethnie du Nord, ndlr) n'est toléré à l'école de police». Les contestataires évoquent souvent le charnier de Yopougon et ses 57 corps mutilés, retrouvés au lendemain de la présidentielle, en octobre 2000, dans un terrain vague. Une vingtaine seulement ont été identifiés, beaucoup étaient dioula. Plusie