La contre-offensive de l'armée ivoirienne indispose franchement Paris et on ne cache plus, côté français, sa déception envers le président Gbagbo. Alors que l'armée française dépêchée dès les premiers jours de la crise a offert au régime en place à Abidjan un appréciable répit, voire l'a sauvé de la débâcle face à des mutins bien armés et très organisés, Laurent Gbagbo a fait la sourde oreille aux appels au cessez-le-feu et à la négociation lancés par l'ex-puissance coloniale. Lundi, le chef de la diplomatie Dominique de Villepin a exhorté Gbagbo à signer l'accord de cessez-le-feu mis au point par la mission régionale de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest car «il n'y a pas de solution militaire à la crise», laissant même entendre que la France pourrait remettre en cause son «soutien logistique» à Abidjan. De même, l'ambassadeur de France en Côte-d'Ivoire, Renaud Vignal, a officiellement protesté hier auprès de Laurent Gbagbo après avoir vu son interview auprès de la télévision d'Etat ivoirienne censurée.
La volte-face de Gbagbo, qui a, semble-t-il, négocié à la seule fin de gagner du temps et de s'approvisionner en armes, a aussi profondément mécontenté ses partenaires ouest-africains qui avaient organisé un sommet extraordinaire de la Cedeao à Accra, au Ghana. «Maintenant, c'est le problème de la Côte-d'Ivoire. S'ils veulent un soutien, il faudra qu'ils nous invitent», a déclaré, en termes peu diplomatiques, le ministre ghanéen de la Défense, Kwame Addo