Surcin envoyés spéciaux
Bleu et jaune sont les silos stockant la nourriture pour la volaille, comme les poteaux électriques le long de la route menant vers la luxueuse ferme-hacienda aux granges peintes dans les mêmes tons. Principal industriel du poulet de Serbie, sinon des Balkans, Dragoljub Markovic, homme d'affaires en vue et au casier judiciaire vierge, affiche ostensiblement la couleur : celle du Parti démocrate du Premier ministre, Zoran Djindjic, partisan convaincu de l'économie de marché et de l'ouverture du pays. A l'autre bout du village se dressent les hauts murs gris de la villa de Ljubisa Buha, surnommé «Cume» et soupçonné d'avoir été le «boss» de trafics en tout genre voitures volées, femmes, armes, drogue , avant de se reconvertir dans les travaux publics. Il est en fuite depuis deux mois après une tentative ratée d'assassinat qui ressemblait beaucoup à un «avertissement». Le businessman, apparemment sans histoire, et le mauvais garçon passent pour être les rois de Surcin, grosse bourgade de 20 000 habitants à une vingtaine de kilomètres à l'ouest de Belgrade. D'imposants blocs de bureaux flambant neufs et le plus souvent vides ont surgi ces dernières années au milieu des maisons basses crépies de rose ou de bleu. On la surnomme désormais «la Palerme serbe».
Présumés délinquants. La presse indépendante dénonce le pouvoir croissant d'un présumé «clan de Surcin» où se côtoieraient affairistes et malfrats. Ces derniers furent longtemps les exécuteurs des basses