Menu
Libération

L'économie ivoirienne à bout de souffle

Article réservé aux abonnés
La population commence à souffrir de la «guerre».
publié le 14 octobre 2002 à 1h24

Abidjan envoyé spécial

Affalé sur un étal, Nestor a le regard vague. «Je n'ai eu qu'un client en tout et pour tout depuis ce matin», lâche-t-il. En cette fin d'après-midi, l'heure n'est déjà plus à l'affluence au marché de Belleville, au coeur du quartier populaire de Treichville, à Abidjan. Quelques clients attardés serpentent au milieu des étalages de tomates défraîchies ou de morceaux de viande harcelés par les mouches. Encore une mauvaise journée. La faute à ces temps «mélangés», comme on dit ici. La crise politique a semé le chaos dans l'économie locale, laissant craindre des troubles sociaux et une radicalisation des esprits. Les clients sont inquiets et, après avoir stocké les produits de première nécessité (sucre, huile, riz) dès le lendemain de la tentative de coup d'Etat du 19 septembre, ils attendent de voir dans quelle direction le vent va tourner. Coupés de facto en deux, entre un Nord entièrement contrôlé par les rebelles et un Sud où s'exerce encore la souveraineté des autorités d'Abidjan, les circuits économiques traditionnels sont sens dessus dessous. Les frontières avec les pays du Nord, Mali ou Burkina Faso, sont fermées. Le couvre-feu, maintenu jusqu'à nouvel ordre, vide le port d'Abidjan dès le milieu de l'après-midi. Le pouvoir central limite à la région de la métropole l'approvisionnement en carburant, de peur que l'essence tombe aux mains des mutins. Le gaz domestique commence à manquer.

Fonds de tiroirs. Une véritable économie de guerre se met lentemen