Nairobi de notre correspondant
Le président kényan, Daniel Arap Moï, a dû faire face hier à la plus importante manifestation publique contre son autorité en vingt-quatre années de pouvoir. Quelque 30 000 personnes se sont massées, hier dans le centre de la capitale, Nairobi, pour assister à la naissance d'une large alliance politique contre Uhuru Kenyatta, le dauphin que Daniel Arap Moï a désigné pour lui succéder. Opposants de toujours et anciens apparatchiks de la Kanu, le parti au pouvoir depuis l'indépendance, en 1963, se sont présentés face à la foule dans une coalition qui aurait paru encore bien improbable au début du mois. Assis les uns contre les autres, portant des guirlandes jaune et bleu autour du cou, aux couleurs de leur tout nouveau Parti démocratique libéral.
Après des années de dissensions, l'opposition a de fortes chances d'écarter la Kanu du pouvoir, si elle parvient à rester unie d'ici à l'élection présidentielle, prévue en décembre. Des négociations ont déjà commencé au sein de cette nouvelle «supercoalition» pour trouver d'ici à deux semaines le candidat qui les mènera a la présidentielle face à Uhuru Kenyatta.
Novice en politique, Kenyatta, 41 ans, est le fils du premier président du pays, Jomo Kenyatta. Depuis un an, il a connu une ascension fulgurante qui l'a fait passer pour une «marionnette» du vieux «professeur en politique», comme on surnomme Moï. Nommé député puis ministre par le président Moï, il est devenu vice-président de la Kanu au début de l'