Bagdad envoyé spécial
Efazidane al-Hamideh, une femme élégante de 38 ans, tient à voter avec son sang. Il lui faudra se percer l'index de plusieurs coups d'aiguille pour qu'une goutte finisse par perler. Avec ce sang, elle rougit l'une des deux cases l'une pour le «oui», l'autre pour le «non» du bulletin qu'elle ira ensuite déposer dans l'urne. Elle lance ensuite avec conviction : «J'ai voté oui. Oui au président Saddam Hussein. Oui à celui qui a attaqué Israël (en envoyant des missiles Scud sur l'Etat hébreu pendant la guerre du Golfe, ndlr). Oui à celui qui boit l'eau du Tigre (Saddam est né à Takrit, à une centaine de kilomètres de Bagdad, sur les rives de ce fleuve, ndlr).» Elle ajoute : «Ici, même les bébés votent pour Saddam Hussein !» Derrière elle, sur le mur du bureau de vote, on aperçoit effectivement un dessin au crayon représentant un nourrisson en couche-culotte qui rampe jusqu'à une urne en brandissant un bulletin sur lequel on peut lire «Naham» («oui» en arabe).
Hier, l'Irak était invité, par référendum, à donner un nouveau mandat de sept ans au président Saddam Hussein, au pouvoir depuis 1979. En 1995, lors du précédent scrutin, qui fut le premier de ce genre, le raïs avait été plébiscité par 99,96 % des Irakiens, selon les chiffres officiels. Cette fois, il devrait faire encore mieux. L'actuel référendum est en effet placé sous le signe du patriotisme face aux menaces américaines qui pèsent sur l'Irak. On peut ainsi lire ce slogan sur certaines banderoles