Scheuren envoyé spécial
Chaque semaine ou presque, dans cet appartement situé au centre de Zurich, Erika Luley, infirmière de profession, aide une personne à mettre fin à ses jours. Elle discute avec l'homme ou la femme qui s'apprête à mourir, s'assure de sa détermination à entreprendre cet ultime voyage, soutient les proches lorsqu'ils sont présents, puis prépare le mélange mortel à base de penthiobarbital de sodium dilué dans de l'eau qu'elle n'administre jamais elle-même. «La personne prendra le verre et avalera la potion. Deux à cinq minutes plus tard, elle perdra connaissance. De vingt minutes à une heure plus tard, elle décédera. Je prendrai son pouls et vérifierai qu'il s'est bien arrêté de battre. Je donnerai ensuite un coup de fil à mon patron, Ludwig Minelli, qui veut toujours savoir l'heure exacte de la mort. J'appellerai enfin la police.» Comme d'habitude, gendarmes, procureur et médecin légiste viendront constater un nouveau décès au 4e étage de l'immeuble. Ils ouvriront une fois encore une enquête qui se conclura par un non-lieu.
«J'aide les gens à mourir par devoir»
De son côté, «vidée», Erika Luley ira boire un bon verre de vin rouge et «jouira de la vie» avec quelques amis après cette épreuve. «Depuis plus de vingt ans, je travaille avec des cancéreux en phase terminale. Je sais leur douleur. Lorsqu'ils estiment que la vie ne vaut plus la peine d'être vécue, qu'ils ont tout tenté pendant des années et qu'il n'y a nul remède qui les soulage, alors je les accompa