Tokyo de notre correspondant
Le tragique feuilleton de la quinzaine de Japonais kidnappés par la Corée du Nord a pris une nouvelle tournure ubuesque, hier, avec le retour temporaire dans l'archipel de cinq survivants, plus de vingt ans après leur disparition. Derrière la joie des retrouvailles, retransmises en direct à la télévision, les conditions du retour accordées par Pyongyang tendent à confirmer la situation d'otages dans laquelle continuent de vivre ces innocents étudiant, pêcheur, vendeuse, cuisinier enlevés en pleine guerre froide par les Nord-Coréens pour prêter leur identité à des espions ou pour les entraîner à parler et à se comporter comme des Japonais. Les ex-kidnappés devraient demeurer deux semaines dans l'archipel, avant de repartir vers le pays où ils furent exfiltrés de force, parfois enfermés dans des sacs, jetés dans des chalutiers.
Aucun des cinq rescapés, tous âgés de la quarantaine (deux couples et une femme, bizarrement mariée à un déserteur américain présent en Corée du Nord depuis 1965), n'a été autorisé par Pyongyang à emmener ses enfants. Leur conférence de presse, deux heures après leur descente d'avion dans un hôtel du centre de Tokyo où ils doivent séjourner jusqu'à jeudi, s'est résumée à de brefs propos «pour s'excuser d'avoir causé de l'inquiétude à leurs proches». Leurs vieux parents brandissaient une banderole marquée «Okaerinasai» («contents de vous revoir») et des rubans bleus, couleur synonyme de réconciliation. Tokyo exigeait leur r