Abidjan envoyé spécial
Des cageots, des tabourets et des tables en bois renversés à même l'asphalte. A l'entrée d'Abidjan, les forces de l'ordre ont établi un semblant de barrage sur la route qui descend de Yamoussoukro. Un soldat s'approche du véhicule : contrôle d'identité, fouille au corps, inspection du coffre. Un magnétophone Nagra sur la banquette arrière : «Vous êtes de Radio France Internationale ?», demande-t-il, subitement suspicieux. Non, ce journaliste travaille pour une radio française privée ; il pourra repartir sans encombre.
Depuis la tentative de coup d'Etat du 19 septembre, il ne se passe pas un jour sans que la presse internationale en particulier française ne fasse l'objet de critiques acerbes de la part de certains médias locaux. Principales cibles : RFI, l'Agence France-Presse (AFP) et TV5. Mais Libération et le Monde ne sont pas épargnés. A Abidjan, on met en cause leur «partialité», voire leur «complicité objective» avec les mutins qui tiennent le nord du pays. Loin de dénoncer à longueur de colonnes ou de reportages «l'agression venue de l'extérieur» perpétrée contre la Côte-d'Ivoire, ils osent en effet donner la parole aux rebelles, à Bouaké, dans le centre du pays.
«Complot de Chirac». Mercredi dernier, un jour ordinaire dans la presse locale. Notre Voie, quotidien proche du pouvoir, dénonce le «combat d'arrière-garde de la presse internationale». Le journal ultranationaliste le National voit «Chirac au coeur du complot» et accuse la presse frança