Solo envoyé spécial
Ce soir, «Ustad Abou» (le professeur Abou) est en grande forme. Sous les néons de la petite mosquée Istiqomah, dans un quartier de la ville de Solo, à Java-Central, Abou Bakar Ba'asir, leader de l'organisation islamiste Jemaah Islamiyah, discourt pendant des heures devant 300 fidèles attentifs. Sa voix ferme lance des imprécations saluées bruyamment par la foule. «Je jure que l'attentat de Bali est le fait des Américains et des juifs. Il n'y a pas de terroristes en Indonésie, le terrorisme est un monopole des Etats-Unis», déclame-t-il. Ba'asir est soupçonné par certains gouvernements étrangers d'avoir aidé Al-Qaeda à perpétrer l'attaque à la voiture piégée qui a tué près de 200 personnes, samedi dans une discothèque de Bali. «On m'accuse d'être l'instigateur de l'attentat. Mais les infidèles mentent toujours. Les infidèles sont toujours les premiers à créer le chaos», poursuit-il. Tout est sur le même registre. Pas un mot de compassion pour les victimes de Bali dans cette longue harangue qui se termine par un appel universel à la haine : «Comme je souhaite voir détruits l'Amérique, l'Europe, Israël et l'Australie !»
En privé, Ba'asir est plus affable. Barbiche broussailleuse, lunettes à monture dorée et regard malicieux, le prédicateur de 76 ans s'amuse quand on veut le photographier : «C'est moi le terroriste ?» D'une réponse à l'autre, il se contredit, expliquant que l'islam bannit la violence puis que tout est permis pour défendre la religion. A côté de