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Libération
Reportage

L'indépendance gelée du Monténégro

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Le choix du Président pourrait lui être fatal aux législatives de dimanche.
publié le 18 octobre 2002 à 1h27

Podgorica, Cetinje envoyé spécial

Il veut toujours un Monténégro libre. Il espère encore que Cetinje en sera à nouveau la capitale, comme au début du siècle dernier quand onze ambassades aux frontons néoclassiques ou Art nouveau bordaient le «korzo», la rue centrale de cette cité de 15 000 habitants, perdue au milieu de montagnes pierreuses. Mais le coeur n'y est plus. «Ici nous restons tous en faveur de l'indépendance mais nous n'y croyons plus», reconnaît Veja, retraité, attablé dans un café peint tout en vert, la couleur du bulletin de vote de ceux qui refusèrent l'intégration dans le royaume de Yougoslavie lors du référendum de 1918.

Partagé par une bonne moitié des Monténégrins, son rêve s'est fracassé le 14 mars, quand est revenu de Belgrade le président Milo Djukanovic, jeune apparatchik communiste jadis protégé de Slobodan Milosevic, puis «réformiste» soutenu par les Occidentaux avant de devenir héraut du discours indépendantiste. Parti pour arracher un référendum, Djukanovic avait finalement signé, sous la pression des Quinze, un accord sur un nouvel Etat commun destiné à remplacer l'agonisante république fédérale de Yougoslavie qui réunit la Serbie, 8 millions d'habitants, et le petit Monténégro, avec ses 600 000 habitants. La question de l'indépendance est gelée pour au moins trois ans.

Volte-face. «Ce fut un choc, il y avait des gens en larmes dans les rues, d'autres n'arrivaient pas à croire que le Président viole ainsi la Constitution qui prévoit le droit à l'auto