Manille envoyé spécial
Avant d'y poser des bombes, les groupes terroristes ont peut-être infiltré financièrement l'Asie du Sud-Est, où des législations très perméables facilitent le blanchiment. Telle est la thèse défendue dans un document confidentiel de 11 pages rédigé par un juriste japonais, Motoo Noguchi, chargé de la lutte contre l'argent sale à la Banque asiatique pour le développement (BAD), basée à Manille. Rédigée en janvier 2001, et plusieurs fois réactualisée, cette note confirme l'extrême vulnérabilité de la région ensanglantée par l'attentat commis le 12 octobre à Bali, en Indonésie. «Trop peu d'attention a été accordée à la question du blanchiment. L'Asie est une très dangereuse passoire», affirme à Manille Motoo Noguchi.
Frontières poreuses. 1 million de dollars est alloué par la BAD et par le Japon au programme de Noguchi, ce qui est très insuffisant : «Les économies émergentes d'Asie du Sud-Est offrent de nombreuses possibilités de spéculation. Il est facile d'y investir. Les frontières entre les Etats sont poreuses, les législations balbutiantes. Et l'habitude de manier du cash cohabite avec l'existence, partout en Orient, de banques informelles très actives», confirme l'ancien magistrat japonais, chargé jusqu'en 2000 d'enquêter sur les avoirs financiers de la secte Aum, responsable de l'attentat au gaz sarin contre le métro de Tokyo.
La nébuleuse financière d'Al-Qaeda et d'Oussama ben Laden a donc très bien pu profiter de ces failles. Le Groupe d'action fina