Beyrouth envoyé spécial
La francophonie est-elle en train de devenir la nouvelle bannière ralliant tous ceux qui s'opposent à l'hégémonie et l'unilatéralisme américains ainsi qu'à une mondialisation à sens unique ? C'est l'impression qu'a pu laisser le IXe Sommet de la Francophonie, qui s'est achevé hier à Beyrouth malgré une déclaration finale aux termes très mesurés. La déclaration finale apporte un soutien implicite à la position française sur l'Irak en rappelant «la primauté du droit international et le rôle primordial de l'ONU». Concernant le conflit au Proche-Orient, le sommet appuie l'initiative arabe de paix, adoptée en mars à Beyrouth, «la considérant (...) comme le cadre le plus approprié pour arriver à une solution juste, durable et globale dans la région». Pour faire bonne mesure, le sommet condamne «tout recours au terrorisme».
Malgré l'unanimité affichée, la «famille» francophone est loin d'être sur la même longueur d'ondes. Comment pourrait-il en être autrement tandis que le Liban, hôte du sommet, se considère en état de guerre et refuse toute normalisation avec Israël, reconnu par une large majorité des 55 pays membres et observateurs de l'organisation ? Le discours du président libanais, Emile Lahoud, défendant le droit à la «résistance arabe», condamnant «un Etat créé par la colonisation et la conquête», adepte du «terrorisme» et justifiant presque les attentats-suicides, aurait pu aisément être repris à son compte par son «parrain» syrien, le président Bacha