«Le pays est codé... Mais le problème, c'est que le code a été enterré avec le vieux.» La formule est d'un journaliste africain et elle résume bien la confusion qui règne en Côte-d'Ivoire depuis la mort il y a bientôt dix ans de Félix Houphouët-Boigny, le père de l'indépendance. Aujourd'hui, elle est plus que jamais d'actualité alors que le pays est secoué depuis un mois par un soulèvement aux contours mystérieux. Tout s'est noué dans une nuit de dupes, celle du 18 au 19 septembre. Retour sur une vraie mutinerie doublée d'un non moins vrai coup d'Etat.
La mutinerie qui cache la forêt
Ils sont 750, tous originaires de l'ouest du pays, comme le général Robert Gueï, qui les avait recrutés pour assurer sa protection durant les dix mois pendant lesquels il a dirigé la junte et le pays. On les appelle les «zinzins» et les «sorciers». C'est bien la démobilisation forcée de ces soldats proches de Gueï qui met le feu aux poudres, dans la nuit du mercredi 18 au jeudi 19 septembre à Abidjan. Le problème de la garde de Gueï empoisonne Laurent Gbagbo depuis son arrivée au pouvoir en octobre 2000, lorsqu'il avait battu dans les urnes Robert Gueï, qui ne le lui a jamais pardonné. Ils constituent une menace permanente pour un pouvoir qui n'a jamais réussi à s'assurer le contrôle effectif de l'armée. Après moult tergiversations, Gbagbo passe en force : la démobilisation, tant de fois reportée sera effective en décembre. Le soir même, le président ivoirien s'envole pour l'Italie. Sa femme Simon