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Les enfants martyrs du franquisme

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En Espagne, sous le régime de Franco, des milliers d'enfants de républicains emprisonnés ou exécutés ont été enlevés et «rééduqués».
publié le 21 octobre 2002 à 1h29

Madrid de notre correspondant

«Je ne pardonne pas parce que le pardon est une forme d'oubli. Et jusqu'à ma mort, je veux rappeler aux jeunes générations tout le mal que les franquistes nous ont fait.» Assise dans sa chambre à coucher bordée d'un jardinet, dans un quartier sud de Madrid, Julia Manzanal, 87 ans, parle avec feu et précision de son douloureux passé. En 1939, les troupes du général Franco gagnent une guerre civile qui laisse l'Espagne exsangue. Pour avoir servi sur le front républicain en tant que dirigeante communiste, Julia Manzanal risque la peine de mort. Elle y échappe par miracle, mais est incarcérée avec sa fille en bas âge. «On nous a traînées d'une prison à l'autre. Nous vivions dans des conditions misérables. Les geôliers ne me laissaient qu'une heure par jour avec ma fille, le temps de lui donner le sein. Dans la prison d'Amorrebieta, au Pays basque, les conditions étaient si infâmes que la petite a fini par mourir à la suite d'une méningite. Comme j'étais athée, les religieuses qui tenaient la prison m'ont interdit d'assister à ses funérailles. Par ruse, j'ai tout juste pu glisser un petit drapeau républicain dans son linceul. Cela peut vous paraître ridicule, mais c'était ma façon de me sentir unie à elle jusqu'au bout. Et, au fond, c'est pour elle que je n'ai jamais cessé d'être communiste et de lutter pour un monde meilleur.»

Alors que l'Espagne se penche sur son passé franquiste, la lumière se fait peu à peu sur le sort des enfants des prisonniers r