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Libération
Reportage

Des fermiers de l'Ouest prennent pied en Pologne

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Hollandais ou Allemands, ils fuient le «carcan» bruxellois.
publié le 22 octobre 2002 à 1h30

Jantar envoyée spéciale

De sa maison, qui abritait la direction d'une ferme d'Etat, Gijsbert den Hartog voit ses terres à perte de vue. Quelque 500 hectares dans la plaine fertile du delta de la Vistule qu'il n'aurait jamais pu s'offrir dans sa Hollande natale, où les fermes dépassent rarement 50 hectares. Il y a plus d'un an, il les a achetés à un PGR (l'acronyme des fermes d'Etat), en faillite comme la majorité de ces exploitations après le passage à l'économie de marché. Pour ce promoteur issu d'une famille rurale, la terre a toujours été un rêve. «Mais aux Pays-Bas, elle est très chère et il n'y en a pas assez, explique-t-il. Les agriculteurs vont donc la chercher au Canada, aux Etats-Unis ou depuis peu en Pologne.» «Il ne fait aucun doute, poursuit-il, c'est le moment d'acheter.»

«Ni quotas ni paperasse». Les prix polonais sont encore jusqu'à 30 fois moins chers qu'en Hollande. Gijsbert ne cache pas qu'il a aussi fui la PAC (politique agricole commune): «Ici on peut déployer ses ailes, on n'a pas les contraintes, les quotas et la paperasse de Bruxelles. Je n'aime pas l'UE, malheureusement, elle arrive bientôt ici.»

Sans sa femme polonaise, il n'aurait pu acheter un seul hectare. La loi est très stricte sur cette question délicate : de nombreux Polonais ont la hantise de voir les Allemands reprendre ce qui leur avait appartenu avant-guerre, quand la Prusse orientale faisait partie de l'Allemagne. Pour acheter ou prendre la terre en bail, un étranger doit avoir un partenaire