São Paulo
de notre correspondante
Il est 10 heures, ce dimanche matin. Dans le centre-ville de São Paulo, où se situe l'un des innombrables lieux de culte de l'Eglise universelle du royaume de Dieu (IURD), le pasteur Luciano fait salle comble. En costume-cravate, le micro collé aux lèvres, le prédicateur appelle d'emblée les fidèles, pour la plupart des gens humbles, à verser la dîme 10 % des revenus , censée leur «ouvrir les portes du ciel». Entre deux chants, l'infatigable Luciano prêche «la persévérance, l'humilité, la sagesse et la foi», et appelle les fidèles «à se délivrer du mal». Tous ferment les yeux. C'est un moment d'extase. Certains sont en pleurs. Puis, sans transition, le prédicateur tente de vendre un livre et un CD mystique mais sans grand succès.
Il est déjà midi quand il se décide à parler politique. «Notre Eglise a fait élire 23 députés et un sénateur au scrutin du 6 octobre, lance-t-il sur un ton triomphal. Grâce à Dieu !» Les applaudissements retentissent dans la salle. «Et, dimanche, pour qui allons-nous voter au second tour de la présidentielle ? Pour Lula ? Eh bien, votez pour qui vous voulez», dit le pasteur. Voter pour Luiz Inacio Lula da Silva n'est donc plus sacrilège pour l'IURD. Sans donner une consigne de vote, cette secte néopentecôtiste, qui compte 2 millions de fidèles, vient d'«autoriser» ses dirigeants à appuyer le candidat du Parti des travailleurs (PT, opposition de gauche) à la présidence du Brésil, qu'il brigue pour la quatrième fois.