Abidjan envoyé spécial
En pénétrant, quelques jours avant l'annonce d'un cessez-le-feu, au coeur de la zone de production du cacao ivoirien, les rebelles ont fait souffler un vent de panique chez les opérateurs économiques locaux, dans les allées du pouvoir à Abidjan et jusque sur le marché à terme de Londres. Les prix du cacao se sont brièvement envolés, atteignant leur plus haut niveau depuis dix-sept ans. A la mi-octobre, durant quelques heures, les hommes du Mouvement patriotique de Côte-d'Ivoire (MPCI) se sont emparés de Daloa (ouest), la «capitale» du cacao, alors que la récolte venait à peine de démarrer. Conscient de l'enjeu économique le cacao représente 15 % du PIB ivoirien et près de 50 % de ses exportations , le président Laurent Gbagbo a immédiatement ordonné à ses troupes de se lancer à la reconquête de la ville. Avec succès.
Effort de guerre. Le chef de l'Etat ne pouvait se permettre de laisser les rebelles mettre la main sur la première ressource financière du pays. En privant le régime de rentrées de devises dont il a cruellement besoin pour financer son effort de guerre, l'avancée des rebelles aurait pu précipiter sa chute. Mais la filière cacao qui emploie quelque 4 millions de personnes en Côte-d'Ivoire ne sortira pas indemne de ces semaines de crise politico-militaire. Secouée par des tensions socio-ethniques récurrentes, agitée depuis plusieurs mois par les affaires de corruption, elle symbolise à elle seule l'état de décomposition du pays.
Le débat