São Paulo
de notre correspondante
A 63 ans, Enéas Carneiro vient de prendre une belle revanche sur ceux qui l'ont toujours raillé. Cette figure folklorique de la classe politique brésilienne s'apprête à faire une entrée triomphale au Parlement. Aux législatives du 6 octobre, Enéas a remporté plus d'un million et demi de voix, ce qui en fait le député le mieux élu de l'histoire du Brésil. Il laisse loin derrière lui le président du Parti des travailleurs, José Dirceu un proche de Luiz Inacio da Silva, «Lula», le favori à l'élection présidentielle de dimanche. C'est peu dire que le score d'Enéas a suscité la stupéfaction. Jusqu'ici, nul n'avait jamais pris au sérieux ce personnage taxé de grotesque sinon de «piada», de plaisanterie. Et moins encore son minuscule Parti de la réédification de l'ordre national (Prona), considéré d'extrême droite.
«Cacareco». Pour les analystes, Enéas a canalisé un vote protestataire qu'on appelle ici «Cacareco», du nom d'un chimpanzé qui, dans les années 50, avait été «élu» au conseil municipal de Rio parce qu'un journal avait écrit, pour rire, qu'il valait mieux que tous les candidats. «Au Brésil, il y a une tradition de choisir un nom qui ne fait pas partie du système lorsqu'on ne veut d'aucun candidat, explique le politologue Fernando Abrucio. C'est ce qui s'était passé avec Cacareco. Aujourd'hui, ce n'est plus possible avec les urnes électroniques. Alors, pour signifier son rejet du système, on vote Enéas. Il séduit avec ses diatribes contre l