Genève de notre correspondant
En février, c'était l'électrochoc : un rapport conjoint du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) et de Save the children Fund (SCF) affirmait que les camps de réfugiés de Sierra Leone, du Liberia et de Guinée étaient le théâtre d'abus sexuels commis en toute impunité par des humanitaires et des Casques bleus. Le rapport, fondé sur des centaines d'entretiens, accusait plus d'une soixantaine de personnes, employées par 40 organisations internationales et non-gouvernementales, d'avoir profité de leur pouvoir pour abuser des réfugiées. Hier, un communiqué de presse de l'ONU s'employait à relativiser l'affaire : «L'enquête menée par les inspecteurs des Nations unies n'a pas trouvé d'indices de mauvais traitements répandus des réfugiés par des humanitaires.»
«Terni inutilement». Dileep Nair, le directeur du bureau des services de contrôle interne, affirmait même lors d'une conférence de presse : «L'ensemble des accusations [contenues dans le rapport du HCR et de SCF] a terni inutilement la réputation et la crédibilité de la grande majorité des humanitaires et des Casques bleus.» Les conclusions du premier rapport du HCR et de SCF résultaient-elles donc d'une hallucination ?
Il fallait prendre soin de lire le document des inspecteurs de l'ONU d'une trentaine de pages, produit par les services même de Dileep Nair pour casser cette langue de bois faussement rassurante : «Le problème de l'exploitation sexuelle dans les camps est réel. De nombreux entretiens o