Berkeley envoyée spéciale
Elle est voilée. Pas le simple foulard, mais le voile islamique blanc qui cache une grande partie de son visage : Arefa Vohra est la porte-parole des étudiants opposés à la guerre contre l'Irak, à l'université de Berkeley. C'est de ce campus, en face de San Francisco, qu'étaient partis, dans les années 60-70, les grands mouvements libertaires, les manifestations contre la guerre du Vietnam. Berkeley était alors mondialement connue pour ses hippies, ses drogues, ses mouvements de libération.
Trente-cinq ans plus tard les temps ont changé et la religion est plus visible que la contre-culture. Arefa Vohra donne rendez-vous à Sproul Plaza, la place «révolutionnaire» symbole de l'agitation universitaire. Voilée mais étudiante américaine moderne, née en Californie dans une famille d'origine indienne, à 21 ans elle finit sa licence en communication. «Nous protestons contre les sanctions imposées à l'Irak qui privent les enfants d'eau, d'électricité et de nourriture, dit-elle. Ce pays dépend de l'aide extérieure. Je ne soutiens pas Saddam Hussein mais chaque pays a le droit de choisir son gouvernement.»
Sur le campus les associations d'étudiants musulmans etÊStudents for Justice in Palestine sont très actifs. Le département d'études africaines américaines a ainsi organisé le week-end dernier un colloque sur la guerre et la présence musulmane en Amérique. Le politiquement correct n'est pas sans contradiction dans la gauche universitaire : à Berkeley des profess