Alexeï Kondravtsiev, chercheur à l'Institut d'études orientales de l'Académie russe des sciences, analyse le poids, en Tchétchénie, de l'islamisme radical dont se réclamait le commando du théâtre.
L'islamisme radical est-il en expansion en Tchétchénie ?
Au sein de la population, il est très minoritaire et mal perçu. Arbi Baraïev, l'oncle du meneur de la prise d'otages par exemple, un chef de guerre redouté qui était aussi un tenant de ce courant, était détesté dans son village d'Alkhankala. Après qu'il eut été tué l'an dernier par les forces russes, la population a empêché qu'on l'enterre dans le cimetière local. Le wahhabisme la forme que prend en Tchétchénie l'extrémisme musulman est perçu comme une secte dangereuse qui arrache les fils à leurs familles et qui attire la répression des forces fédérales. Simultanément, les wahhabites, au nom de leur idéologie puritaine et rigoriste venue tout droit d'Arabie Saoudite, combattent les coutumes tchétchènes, comme le respect immodéré des aînés et ce qu'ils considèrent comme les formes superstitieuses de l'islam traditionnel tchétchène : le fait par exemple que l'on aille sur la tombe des saints, ou encore cette prière, le zikr, qui prend la forme d'une danse. Parmi les dirigeants indépendantistes, en revanche, ce courant est représenté par d'importants commandants comme Chamil Bassaïev qui protégeait Khattab (le chef de file des Arabes afghans tué en mars dernier en Tchétchénie par les forces russes, ndlr). Malheureusement entre les deux guerres (celle de 1994-1996 et la seconde lan