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Libération
Interview

«Une possible troisième voie en Amérique latine»

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publié le 28 octobre 2002 à 1h34

Jean-Michel Blanquer est directeur de l'Institut des hautes études de l'Amérique latine.

En quoi Lula a-t-il changé depuis la fondation du Parti des travailleurs, en 1980 ?

L'identité politique de Lula, et du Parti des travailleurs, est la résultante d'un combat syndical dans un contexte de dictature ­ finissante ­ et d'organisation d'une aristocratie de la classe ouvrière imprégnée de marxisme et de catholicisme de gauche. Cette identité est donc marquée par une très forte conscience ouvrière. Ensuite, lors de la période démocratique, Lula s'est présenté trois fois à la présidentielle et a connu trois échecs, même si ce sont des échecs «honorables», très typiques des partis de gauche à leurs débuts : tant qu'on est totalement marxiste et contre l'économie de marché on n'arrive pas à dépasser un socle de 30-35 % des voix. L'évolution de Lula est relativement récente. Il y a encore un an, le PT n'avait pas de grandes chances de gagner. Et finalement est apparu un nouveau Lula avec une nouvelle identité politique, bénéficiant à la fois de sa légitimité ancienne d'homme de gauche très marquée, passé par de nombreuses luttes, y compris par la prison, et en même temps beaucoup plus réformiste, social-démocrate. Une évolution conditionnée par la nécessité d'arriver au pouvoir, donc d'élargir son socle électoral, sachant que ce socle n'est pas spécifiquement dans les classes populaires, il est plutôt dans les classes moyennes, l'électorat du PT est plutôt un électorat de «professeurs