Menu
Libération

Tokyo-Pyongyang: normalisation chaotique

Article réservé aux abonnés
Les anciens terroristes de l'Armée rouge japonaise auraient aidé la Corée du Nord dans l'affaire des enlèvements de citoyens nippons.
publié le 29 octobre 2002 à 1h35

Tokyo de notre correspondant

Yukio Yamanaka est accablé. En bon Japonais, cet universitaire se sent humilié depuis que le leader nord-coréen, Kim Jong-il, a reconnu la responsabilité directe de son régime dans les enlèvements de onze civils nippons entre 1977 et 1983. Mais en plus, ce militant, engagé depuis des années dans la défense des activistes d'extrême gauche, est désormais la cible des nationalistes nippons, qui l'accusent d'être un traître. Yamanaka-san (monsieur Yamanaka) est dans l'archipel le pilier du Comité de soutien aux anciens membres de l'Armée rouge japonaise qui trouvèrent refuge, voici trente ans, en Corée du Nord et dont le sort aurait dû être évoqué lors de la visite du Premier ministre japonais, Junichiro Koizumi, à Pyongyang le 17 septembre. Tout semblait prêt pour un rapatriement négocié de cette poignée d'anciens terroristes désireux de rentrer au Japon, où la plupart des membres de leurs familles sont déjà revenus. Mais les révélations sur les kidnappings (Libération du 18/9) et sur la mort de huit des onze Japonais enlevés ont tout bouleversé.

Collaboration. Les accusations selon lesquelles l'Armée rouge japonaise ­ la Nihon Sekigun ­ aurait prêté main-forte à ses enlèvements ont refait surface. L'évocation de leur collaboration avec le régime stalinien de Corée du Nord a balayé des années d'effort pour une amnistie. «C'est la curée, se désole Yukio Yamanaka. Les bureaucrates et les diplomates qui ignorèrent jadis les complaintes des familles veule