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Libération
Reportage

«Etre tchétchène, c'est déjà un crime»

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A Moscou, témoignages d'habitants insultés et battus par la police.
publié le 31 octobre 2002 à 1h36

Moscou envoyée spéciale

Aïoukhan, comme beaucoup de Tchétchènes, n'a pas de papiers en règle pour vivre à Moscou. Il est installé ici depuis plus d'un an avec sa femme Koulsoum et leurs deux petits enfants. «A l'heure actuelle, papiers ou pas papiers, ça ne change rien. Ils arrêtent tout le monde.» Dimanche matin, la police du quartier est venue vérifier que ce jeune Tchétchène de 28 ans était chez lui et, vers 11 heures, on l'a arrêté. Au poste de police, on a pris ses empreintes ainsi que des photos. Aïoukhan, qui a fait des études de droit à la faculté Patrice-Lumumba de 1991 à 1997, a fait remarquer aux policiers que c'était totalement illégal puisqu'aucun soupçon ne pesait sur lui. «Les lois, c'est pas pour vous», lui a-t-on répliqué. Aïoukhan raconte aussi que le chef du commissariat l'a longuement interrogé et insulté. «Nous allons tous vous exterminer», aurait-il ajouté en lui donnant un coup de matraque. «Il ne s'est calmé que quand je lui ai dit que j'étais de la famille de Aslambek Aslakhanov [député tchétchène à la Douma]», raconte Aïoukhan.

Lundi, c'est au tour de Koulsoum d'être arrêtée. Elle emmène avec elle son bébé dont elle n'arrive pas à calmer les pleurs après plusieurs heures au commissariat. Les policiers la libèrent pour qu'elle ramène l'enfant à la maison mais gardent son passeport. Lorsqu'elle revient le chercher, elle est à nouveau emprisonnée. Koulsoum est kazakhe. On l'interroge longuement sur la Tchétchénie, sur ce qu'elle faisait pendant la guerre