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Libération

Islamisme turc à géométrie variable

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La victoire annoncée de l'AKP aux législatives de dimanche sonne comme une revanche pour les banlieues pauvres d'Istanbul.
publié le 31 octobre 2002 à 1h36

Istanbul envoyé spécial

Jour après jour, Unal Kaçir, petit entrepreneur de l'agroalimentaire, arpente inlassablement les ruelles défoncées de Bagcilar, 600 000 habitants, une de ces populeuses banlieues d'Istanbul, jadis fiefs de la gauche et devenues des bastions islamistes depuis le début des années 90. Il s'arrête dans chaque boutique, chaque café, rappelant à chacun le bilan de la mairie. Entassement de petites maisons, d'immeubles décrépis ou inachevés et de mosquées flambant neuves, cet arrondissement est l'une des vitrines de l'islamisme municipal, mélange de paternalisme moralisant, de gestion honnête et de démocratie directe. «Le travail effectué pendant ces années dit tout», martèle le candidat du Parti de la justice et du développement (AKP), grand favori des législatives du 3 novembre, crédité d'un bon tiers des voix dans les sondages.

Costume croisé et cravate rouge, ce petit entrepreneur aux allures de notable s'arrête pour la prière dans une petite mosquée puis reprend sa tournée. Pas une seule fois il n'a évoqué l'islam. Point n'est besoin de dire des choses qui vont de soi. Par deux fois déjà, il s'était présenté sur les listes du Refah puis du Fazilet, les anciens partis islamistes successivement dissous. L'an dernier, le mouvement a éclaté en deux courants. D'un côté, les traditionalistes du Saadet (le Parti du bonheur), qui végète dans les sondages autour de 5 %. De l'autre, les modernistes. Leur victoire annoncée a, pour le petit peuple des banlieues, la s