Istanbul envoyé spécial
Il n'y a que lui sur ses affiches électorales. Grand, blond, sportif, toujours bronzé, le très controversé homme d'affaires et propriétaire de télévisions privées Cem Uzan, 42 ans, pose souriant, chemise blanche et col ouvert. Il salue le bras levé, il parle au micro, il serre les mains de militants enthousiastes. En bas, un texte bref avec la reproduction de sa signature : «J'en appelle à cet establishment politique corrompu lui demandant de ne pas revenir au pouvoir. Ecartez-vous, vous êtes des incapables. Maintenant, c'est la Turquie qui arrive.»
Chaussettes blanches. C'est le «serment» du leader du Gençparti (le Jeune Parti) qui s'est lancé dans l'arène politique il y a à peine quatre mois en imitant jusqu'à la caricature l'Italien Silvio Berlusconi. Ses trois chaînes de télévisions privées (Star, Canal 6 et Kral) martèlent sans cesse ce «serment» de leur président et elles ont été suspendues pendant six jours par les autorités pour violation de la loi électorale sur l'impartialité. Son quotidien, Star, se consacre désormais presque exclusivement à son patron qui veut sortir les sortants et «chasser tous ceux qui ont volé dans les poches du peuple». Dans les sondages, le Jeune Parti frôle les 10 %, le seuil minimal pour entrer au Parlement, même si sa cote fléchit à quelques jours du vote de dimanche. La crise économique a accru le rejet contre la classe politique. Paumés et sans perspective, beaucoup de jeunes des banlieues et des petites villes de