Partout en Afghanistan on croise encore le tchadri, le voile grillagé à hauteur des yeux qui enveloppe tout le corps. La femme non-bâchée est une exception. Même dans Kaboul. Confinée au gynécée par la tradition, assujettie par les talibans qui lui interdisaient tout, même les études et le travail, la femme est aujourd'hui un peu plus libre. Mais le tabou sévit toujours. Son visage et le son de sa voix demeurent, sexuellement, socialement et politiquement, subversifs. Fin août, le directeur de la télévision et de la radio, Mohammed Ishaq, un Tadjik du Pandjshir qui fut l'un des plus proches conseillers du chef de guerre Ahmed Shah Massoud, décide d'interdire le chant féminin à la radio. A l'issue de longs débats, la censure radiophonique est levée, le 17 septembre, par une commission spéciale nommée par le président afghan, Hamid Karzaï. La commission autorise aussi la diffusion télévisée de certains films indiens où chantent des femmes, le genre ayant également été proscrit auparavant. Pour autant, l'interdiction qui frappe l'apparition de chanteuses afghanes à la télévision d'Etat reste en vigueur.
Risqué, le fichu...
Le directeur des programmes de la radio et télévision de Kaboul, Engineer Attah, ne cache pas son embarras. «Le Coran interdit aux femmes de dévoiler leur visage et dit qu'un homme ne doit pas entendre le son de leur voix, commence-t-il. Alors si nous voulons que les choses changent en Afghanistan, il faut faire des compromis, faire en sorte que les évolutions soient progressives