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Libération
Interview

«Personne ne doit empêcher l'AKP de gouverner»

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publié le 5 novembre 2002 à 1h40

Istanbul envoyés spéciaux

Intellectuel très populaire dans les milieux islamistes turcs, Abdurrahman Dilipak, chroniqueur du quotidien islamiste radical Vakit, répond aux questions de Libération.

Quelles suites voyez-vous à la victoire de l'AKP ?

Une période très délicate commence. Ce parti a gagné mais il doit maintenant mériter la confiance des électeurs et la conserver. L'AKP fait face à de grands obstacles : le risque de décevoir les espoirs de sa base, l'opposition au Parlement et surtout la résistance des forces profondes du système, sur fond de contexte international difficile alors que se précisent les menaces contre l'Irak. Il lui faudra montrer beaucoup d'intelligence pour contourner ces écueils. Personne en tout cas ne doit empêcher l'AKP de gouverner, car il a la légitimité des urnes. Si l'AKP perd, c'est la Turquie tout entière qui perdra.

Considérez-vous l'AKP comme un parti islamiste ?

C'est avant tout une force populiste attrape-tout, très pragmatique, née dans une période de transition. Beaucoup de ses dirigeants, de ses cadres et de ses militants vivent dans un déchirement psychologique permanent. Ce qu'ils pensent, ce qu'ils disent et ce qu'ils font n'est pas la même chose. En outre, ils sont aujourd'hui un peu comme ces gagnants à la loterie qui essaient de faire croire que leur soudaine richesse est le fruit de leur travail. Les fleurs qui s'épanouissent trop tôt se fanent vite. La situation les contraint à une approche politique réaliste. Ils n'aiment pas le