Toni S. a 28 ans. Membre du parti d'extrême droite NPD, Toni a participé activement à la production d'un CD intitulé Notes de la haine. Sur ce disque, le groupe White Aryan Rebels évoque la mort de plusieurs personnalités, dont Rita Süssmuth, l'ex-présidente du Reichstag, et Michel Friedzjuif allemand. Mais Toni S. est un néonazi très particulier. Tout comme son procès, qui s'est ouvert hier à Berlin. Car Toni S. est ce que l'on appelle en Allemagne un «V-Mann», un homme recruté par le Verfassungschutz les renseignements généraux allemands pour infiltrer le NPD.
L'affaire fait grand bruit. Car Toni S. n'est pas un cas isolé. Ces derniers mois, plusieurs membres du NPD, ramassés lors d'un coup de filet contre l'extrême droite, se sont révélés être des recrues des services de renseignements. En juillet, Toni S. a été appréhendé par la police de Berlin au cours d'un concert néonazi. Les policiers berlinois ont mis la main sur le matériel ayant servi à fabriquer le fameux CD, prouvant clairement la culpabilité de son auteur. Au cours du procès, Toni S. n'a pas nié. Mais il a souligné qu'il ne se serait jamais lancé dans une telle opération sans la totale protection de ses services, à savoir la police du Brandebourg, le Land qui entoure Berlin.
L'interpellation de Toni S. a provoqué une vive querelle entre les services des deux Länder. Le ministère de l'Intérieur du Brandebourg reproche à Berlin de ne pas l'avoir informé de sa rafle de juillet et d'avoir ainsi torpillé son trav