Pékin de notre correspondant
Quelle image retenir ? Celle de la modernité architecturale et technologique qui, chaque jour davantage, façonne à marche forcée le nouveau visage de Pékin, celui de l'OMC et des Jeux olympiques ? Ou celle de l'archaïsme politique qui s'est abattu pour une semaine sur la capitale à l'occasion du XVIe congrès du Parti communiste chinois (PCC), avec son flot de propagande et de langue de bois d'un autre âge, ses arrestations préventives de dissidents et même l'envoi en camp de travail pour un temps de tous ceux qui pourraient «perturber l'ordre social» ?
Paradoxe. Si les ex-communistes d'Europe de l'Est cherchent à faire oublier leur passé «rouge» pour devenir de bons gestionnaires de l'économie libérale, les dirigeants chinois en rajoutent pour avoir encore l'air de bons communistes, alors qu'ils entraînent le pays dans la direction opposée. Un paradoxe qui n'est qu'apparent : la seule légitimité qui leur reste est celle de l'épopée historique du parti de Mao, qui a «redressé» la Chine et lui rend aujourd'hui sa puissance. A l'heure du passage du témoin à de «jeunes» dirigeants, à peine nés quand Mao a conquis le pouvoir en 1949, cette légitimité historique, façonnée par des décennies de propagande et d'éducation, est capitale.
Il faut assurément beaucoup de conviction pour «vendre» à 1,3 milliard de Chinois l'idée que le pouvoir actuel perpétue l'héritage de Mao Zedong et des chefs historiques. Les panneaux qui, à travers le pays, montrent Mao, Deng