Wenzhou envoyé spécial
A 22 ans, Wang Zhendao était vendeur de chaussures. Aujourd'hui, à peine âgé de 37 ans, il est le PDG et principal actionnaire de la société Aokang, deuxième producteur de chaussures de Chine, 4 000 ouvriers, deux magasins à son enseigne à New York... Et il regarde fébrilement sa Rolex en or pour ne pas rater son avion pour l'Italie où il part signer un important contrat. Dans son immense bureau design, deux maximes calligraphiées au mur : «Il faut respecter sa parole» et «il faut toujours un résultat à un acte»...
Un tel profil ne surprend pas à Wenzhou, un port de la province du Zhejiang, au sud de Shanghai, la ville où l'entreprise privée est reine : 98 % de l'activité économique de cette métropole en pleine transformation, peuplée de 7,5 millions d'habitants, provient d'entrepreneurs privés, un record en Chine communiste où la part du secteur privé dans le produit intérieur brut dépasse à peine le tiers. Cette ville a longtemps été pestiférée pour son penchant trop mercantile, mais elle fait aujourd'hui figure de modèle pour une Chine qui pratique un capitalisme sauvage tout en brandissant haut et fort le drapeau rouge.
Plein emploi. A Wenzhou, au moins, ça marche. Alors que d'autres villes connaissent un fort taux de chômage et des quartiers sinistrés, ici, le niveau de vie local n'a cessé de grimper : Wenzhou affiche aujourd'hui le plein emploi, de vastes avenues à quatre voies dans chaque sens, des dizaines de complexes immobiliers de luxe en const