Pékin de notre correspondant
Le rituel est immuable : Jiang Zemin avance sur la tribune du Grand Hall du Peuple en s'applaudissant lui-même. Les 2 114 délégués au XVIe Congrès du Parti communiste chinois se lèvent pour acclamer le secrétaire général, avant l'entrée des six autres membres du Comité permanent du Bureau politique, puis des autres leaders. Derrière eux, une faucille et un marteau géants, et une forêt de drapeaux rouges.
Ce qui change, c'est le fond : le rapport, de plus de 80 pages, lu d'une voix monocorde par Jiang Zemin a désormais plus des allures de bilan de la société «China Inc.» que d'un brûlot marxiste. Si on en retire la phraséologie, il reste un parti dont la légitimité se calcule désormais en pourcentage d'augmentation du produit intérieur brut. Et Jiang a fixé un objectif ambitieux : multiplier par quatre le PIB au cours des deux prochaines décennies, et «réaliser la modernisation vers le milieu de ce siècle». Le numéro un chinois a reconnu que la «cote de popularité (du parti, ndlr), et le succès ou le déclin de sa cause dépendront directement de sa capacité à résoudre le problème du développement économique».
Continuité. La croissance et la création d'emplois passant désormais plus par le secteur privé que par les sociétés d'Etat en déclin, Jiang Zemin a ouvert la porte du parti à ces entrepreneurs capitalistes autrefois honnis. Le PCC n'est plus le parti de l'avant-garde prolétarienne et paysanne, mais doit «rassembler toutes les couches sociales qui