Menu
Libération

Giscard met les pieds dans le plat turc

Article réservé aux abonnés
L'adhésion d'Ankara sonnerait la fin de l'Europe, selon VGE.
publié le 9 novembre 2002 à 1h43

Bruxelles (UE)

de notre correspondant

Foin de la langue de bois officielle : en déclarant que «la Turquie n'est pas un pays européen», car «sa capitale n'est pas en Europe» et «95 % de sa population est hors d'Europe» (1), et que son adhésion sonnerait «la fin de l'Union européenne», Valéry Giscard d'Estaing a déclenché une belle tempête diplomatique. Car, en faisant cette déclaration à un petit groupe de journalistes, dont nos confrères du Monde, il semble avoir oublié qu'il présidait une Convention chargée de préparer la Constitution de l'Europe élargie à laquelle participent des représentants... turcs. En effet, Ankara a obtenu le statut de «pays candidat ayant vocation à rejoindre l'Union» lors du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement d'Helsinki en décembre 1999.

Les conventionnels ne cachent pas leur embarras après la sortie de VGE. «Je ne l'aurais pas fait personnellement», a admis Jean-Luc Dehaene, vice-président de la Convention, qui a répondu, seul, aux questions des journalistes. Prudemment, Giscard avait préféré s'éclipser de Bruxelles, renonçant à la traditionnelle conférence de presse qui clôture les sessions plénières de la Convention.

Appel à démissionner. Les réactions des représentants turcs ont été à la hauteur de l'outrage : «Giscard d'Estaing est l'équivalent des intégristes musulmans», a déclaré Emre Kocaoglu, un parlementaire du parti de la Mère Patrie (conservateur, balayé lors des élections législatives de dimanche dernier) : «Il pense que