Varsovie envoyée spéciale
«Si l'on n'obtient pas de meilleures conditions, notamment pour nos agriculteurs, je voterai non à l'entrée de la Pologne dans l'Union européenne.» Satisfait de son petit effet, le teint rubicond souligné par une chemise blanche immaculée, Andrzej Lepper se cale dans son fauteuil. A la tête du parti populiste Samoobrona (Autodéfense), cet ancien éleveur de porcs est devenu la bête noire des autorités, qui voient en lui la principale menace au succès du référendum sur l'adhésion à l'UE, prévu en juin prochain. «Surtout n'écrivez pas que je suis contre l'Europe, tient-il à préciser, simplement je suis pour que la Pologne soit traitée sur un pied d'égalité par les Etats membres, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.»
Intérêts nationaux. Leader démagogique et rusé, Lepper a fait de la carte anti-européenne l'un de ses atouts. Officiellement, il soutient l'adhésion à l'UE. Mais plus encore, il se pose en défenseur intraitable des intérêts nationaux bradés, selon lui, par les gouvernements successifs de gauche comme de droite lors des négociations avec Bruxelles. «Toutes ces mauvaises conditions imposées à la Pologne, comme les ridicules quotas de production sidérurgique ou le fait inadmissible que nos agriculteurs ne vont toucher qu'un quart des aides reçues par ceux des Quinze, explique-t-il, c'est de la faute de nos négociateurs qui plient l'échine. Tout ce qu'ils veulent, ce sont les 3 000 postes de fonctionnaires à Bruxelles, et nous, les Polonais, allo